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Depuis 1984 le château de Triors abrite une communauté monastique Bénédictine conduite par le Père abbé; c'est l'Abbaye Notre Dame de Triors. Abbaye Notre Dame de Triors
Le château est implanté plein sud, avec une magnifique vue sur le Vercors. Sa construction, terminée juste avant 1789, avait été commencée par Charles de Lionne, dit abbé de Lesseins, chanoine de St. Barnard à Romans (+ 1700). Il a traversé sans trop de tracas les XIXième et XXième siècle, jusqu'à ce que la dernière Comtesse du Bouchage décède en 1976. Dés 1977, son héritière, Mademoiselle Josepha du Bouchage, originaire du Danemark, fille adoptive et sans héritier direct, commença, selon le désir de sa mère, à contacter l’Abbaye Notre-Dame de Fontgombault, dans le Berry (présence d’un lointain neveu) pour transmettre légalement ce patrimoine à cette congrégation. Si Mademoiselle Josepha a vécu jusqu'en avril 2000, la fondation de l'abbaye Notre-Dame de Triors a officiellement été célébrée le 6 octobre 1984. Ainsi, dès 1984, quatorze moines de Fontgombault répondent à l'invitation qui leur est faite de s'établir dans le château de Triors. Ces moines sont des religieux bénédictins, dont le nom vient de Saint Benoît qui, au VI°s, a fondé le monastère de Monte Cassino en Italie et qui a rédigé une règle toujours en usage, adaptée à notre temps. Actuellement, ils sont 40 et subviennent à leurs besoins assez largement par leur travail comme Benoît le préconisait (la ferme, les bois, jardin potager et verger, noyers, ateliers divers : poterie, confiserie…). La ferme des Roberts et l'élevage bovin permet de nourrir la communauté. En 2007, la construction de la nouvelle stabulation libre facilite le soin du bétail.
La journée type d’un moine est: le lever a lieu à 4h45, office de la nuit 5h15-6h45 suivi de la messe du petit matin célébrée par chaque prêtre ; 8h petit-déjeuner ; puis alternance d'offices dans la suite de la matinée, de lecture (9h à 10h) et de travail (11h30 à 12h45) ; le centre en est la messe chantée à 10h (jusque vers 11h15). Le repas est pris après un bref office à 12h50 ; il est suivi de trois quart d'heures de récréation-détente ; puis travail de l'après midi de 15h à 18h. Avec l'office solennel du soir, les Vêpres, qui a lieu à 18h, on entre dans la soirée plus calme et contemplative : temps de prière personnelle et de lecture, dîner à 19h30 avant le dernier office à 20h30. Le coucher a lieu à 21h45. La journée est ponctuée par le son des cloches, chaque office est précédé habituellement de deux sons, le premier à la volée, pour se préparer, le second étant tinté = coup par coup, pendant l'entrée à l'église. Le village entend plus ou moins ces sonneries qui indiquent que les moines prient pour tous, et bien sûr pour leurs « voisins ».
Le développement du monastère avait entrainé la construction, il y a 20 ans, de l'église avec la porterie, le cloître et un bâtiment de cellules comprenant également le réfectoire et permettant l’hébergement de visiteurs. Mais peu à peu ces cellules sont occupées par les nouveaux moines. La forte demande d’accueil et la nécessité de respecter les normes en vigueur, imposent la construction, en cours à ce jour, d’une hôtellerie.
Les moines accueillent pour des temps de retraite et de ressourcement ceux qui, respectant le silence du monastère, savent se contenter de l'austérité qu'on y trouve et souhaitent participer aux principaux offices liturgiques. La liturgie est chantée en latin, selon la tradition grégorienne. C’est toujours la règle de St. Benoît, érigée au VI° s., qui régit la vie quotidienne que mène ici les moine et qui impose que ce bâtiment qui accueille les visiteurs soit bien séparé pour préserver la clôture des moines. Le Père abbé fait remarquer que quinze siècles après St. Benoît, ses monastères attirent les personnes fatiguées par le bruit et les secousses de la vie. À Triors, le rayonnement qui attire vers l'hôtellerie tient plus du bouche à oreille que de la grande publicité à laquelle ne se prête pas du tout l'esprit monastique, « séparé du monde » pour le rejoindre autrement, par la prière et une mystérieuse sympathie. À notre époque on dit souvent que la grande communication crée en même temps de grands isolements et de lourdes solitudes : la douceur et le silence du monastère peuvent toucher en profondeur. Les hôtes cherchent le silence pour lire, réfléchir, prier et, s'ils le souhaitent, se faire aider pour orienter leur vie : révisions d'examens qui se terminent parfois par un ressourcement, adultes un peu essoufflés dans leur vie de couple..., comme aussi des « s.d.f. » qui prolongent leur nuit d'hébergement. Cette énumération n'est pas exhaustive, loin de là.
Il nous fait part, d’une anecdote qui a marqué les religeux : « voici, pris sur le vif, l'inattendu qui peut arriver à l'hôtellerie. On a reçu un jour un appel angoissé à propos d'un adolescent impliqué dans une grave affaire de drogue : sa famille le présente comme un monstre en herbe qu'il faudrait héberger quelques jours, avant un séjour prévu en psychiatrie. Le garçon arrive, l'hôtelier au cours des premières heures vérifie qu'il ne fugue pas, puis le voyant rentrer à peu près dans le rang, n'y prête plus trop attention. On revient le rechercher à la date prévue ; le garçon est introuvable sur le moment ; voilà les parents affolés : Comment avez-vous pu l'abandonner ainsi seul à lui-même ! Mais le garçon se montre enfin, un torchon à la main après la vaisselle du petit-déjeuner. Quoi ! tu fais la vaisselle, toi qui ne touches jamais un torchon à la maison ! Et voici sa réponse : C'est que, ici, on est libre, on n'est pas fliqué, soupçonné toute la journée » Et conclut par cette observation : « par là, l'abbaye donne l'occasion d'une belle alliance entre les domaines « spi », « psy » (spirituel et psychologique) d'une part, et les milieux sociaux d'autre part chargés de recoller les morceaux chez une jeunesse que l'éducation a parfois mal préparée à la vie. L'hôtellerie monastique devient alors un maillon discret qui contribue à restaurer le tissu social, maille par maille. »